jeudi 11 février 2010

Euro 2016, finalement c’est pas d'la balle !

Parlons peu, parlons foot.
Je vous rassure, pas du Racing. Trop long, trop compliqué, trop ridicule.
Parlons gros sous, arnaque et naïveté. C’est tellement plus intéressant.








Début juillet, Monsieur le Maire de Strasbourg et Monsieur le Président de la Communauté urbaine ont annoncé la candidature officielle de Strasbourg pour l’organisation de l’Euro 2016. Enfin, pour être exact, la candidature de la Ville à la candidature de la France, pour faire partie, avec 8 autres villes françaises, d’un des sites retenus pour accueillir des matchs de l’Euro 2016, si d’aventure la France devait être l'élue.

Jusqu’à là, pas de problème. Etre candidat à quelque chose, n’importe qui peut le faire.

Strasbourg pourrait très bien être candidate pour être désignée capitale de Noël… euh, non, elle s’est auto attribuée le titre, ça compte pas.

Bref, tant qu’on est que candidat, on peut faire n’importe quoi.

A Strasbourg, comment a-t-on fait pour motiver le peuple, rassembler les foules, créer le buzz comme on dit :

- campagne d’affichage sur les trams, abris-bus (la classe !)
- photo aérienne au jardin des deux rives (trop chouette !!)
- groupe facebook, "Tous ensemble pour Strasbourg, ville candidate à l’Euro 2016",
11 858 membres (énorme !!!)

Jusque là, ça mange pas de pain, même si c'est plutôt assez naze comme opération com.

Sauf que, quand même, on va pas organiser la grande braderie.

Là, on parle championnat d'Europe des nations, donc gros sous, donc fédération française de football, mais surtout, UEFA. Du lourd quoi !!!

Pour faire simple, un seul chiffre : 160 millions d’euros.

Pour faire quoi, me direz-vous ?? Rénover le stade de la Meinau aux normes UEFA, afin d’avoir l’immense privilège et honneur d’accueillir, max, 4 matchs et encore certainement pas les affiches les plus alléchantes.

Pas grave a-t-on dû se dire Place de l'Etoile… On a loupé la coupe du monde de football en 1998, la coupe du monde de rugby en 2007… on va pas rater l’Euro 2016.

Donc on accepte le prix à payer… ça fout un peu les boules quand même, mais pour la gloire de Strasbourg, que ne ferait-on pas ?

La ville est motivée, la Communauté urbaine l’est aussi… ça fait plaisir à voir, pour une fois.

Et puis, patatra.

Faut commencer à signer des papiers, à s’engager plus avant.

Le temps des promesses est terminé.

L’UEFA entre en lice. Le fric… le fric… le fric.

Et à l’UEFA, ils savent faire. Ils ne rigolent pas.

Et ce qui devait arriver, arriva.

Je découvre, dans les DNA du 27 janvier 2010, un article intitulé "« Ville hôte » de l’Euro 2016 : un « oui » du bout des lèvres."

Mais qu’a-t-il donc bien pu se passer pour que ce cri à la candidature estival devienne un soupir hivernal du bout des lèvres ?

Ben tout simplement un réveil brutal. Les élus ont enfin compris avec qui ils allaient devoir traiter ou plutôt pour qui ils allaient devoir bosser… l’UEFA.

Et cette association suisse n’a aucun état d’âme. Elle s’en tape de ce que ça va coûter.

Ce qui l’intéresse c’est ce que ça va lui rapporter.

Alors pour eux, si vous ne voulez pas de la compét, pas de problème. On va voir les blaireaux des autres pays qui sont prêts à se taper dessus pour accueillir un Grèce-Islande ou un Suisse-Roumanie (affiches choisies complètement au hasard… je n'ai rien ni contre les grecs, ni contre les islandais, ni contre les roumains, ni contre les suisses).

Dans l’article en question, on lit :

"En clair, la « Ville hôte » doit s’occuper de tout : événements, activités, conditions d’accessibilité, sécurité, sûreté, mais aussi soutien, coopération pleine et entière, assistance organisationnelle générale et moyens logistiques à l'échelle de l'agglomération (sites officiels, installations, infrastructures, zones de divertissement et des supporteurs) et protection des intérêts de l'UEFA (commerciaux et propriétés intellectuelles).

Sans parler des garanties à fournir en matière d'hébergement, de gestion du trafic… Le conseil a dû aussi prendre acte que la préparation et l'organisation de l'Euro 2016 « doivent être considérées comme un événement d'intérêt général ». Il admet aussi « l'autorité en dernière instance de l'UEFA pour l'organisation des matchs et la définition des exigences essentielles relatives aux activités liées à l'Euro 2016 »."

Et tout ça en sus des 160 millions pour la mise aux normes du stade, bien entendu.

En lisant ça, je me suis dit : "Ce n’est pas possible. Ils ne sont pas aussi naïfs que ça nos élus locaux. Le monde entier sait comment l’UEFA fonctionne. Que ce sont de vrais requins !"

Et pourtant…

Depuis que la France est candidate, certaines villes ont déjà laissé tomber, devant le coût indécent des investissements exigés par l'UEFA. C'est le cas pour Rennes et Nantes. Nantes qui avait déjà l'expérience de la coupe du monde de foot de 1998 et celle de rugby de 2007.

A Strasbourg, on s'entête, on s'enferme dans la candidature. Pourquoi ? Pour ne pas passer pour des losers. On a dit qu'on fait, alors on fait. Le prix ? Pas un problème visiblement. Enfin si inévitablement le coût va devenir un problème. Mais pour la gloire du foot, que ne ferait-on pas?

Ben justement, on pourrait ne rien faire. Honnêtement, qui, ne serait-ce qu'en France, se souvient que Strasbourg n'a pas accueilli de matchs de foot lors de la coupe du monde de football de 1998 ? Pas grand monde, je le crains.

Et qu'est-ce que ça a changé pour Strasbourg, de ne pas avoir accueilli de matchs de la coupe du monde de foot de 1998 ? A mon avis, rien.

Aujourd'hui, si j'ai bien tout compris, les élus n'en veulent plus de cet Euro, mais s'ils ne signent pas, pas d'Euro, donc ils signent quand même, même s'ils n'en veulent plus… de l'Euro.

Quel paradoxe.

Et je suis prêt à parier que bon nombre d'entre eux prient secrètement pour que la France ne soit pas retenue.

Ainsi, Strasbourg sortirait la tête haute: "Caramba… encore raté. Pourtant on le voulait tellement cet Euro à Strasbourg !!! C'est vraiment trop dommage!!!"

En bon mouton, ils ont signé, mais en reculant.

Et une équipe qui recule, ce n'est jamais bon signe, surtout à domicile.

Le plus dérangeant dans cette affaire, c'est le poids financier que nous allons devoir supporter.

Parce qu'avec 160 000 000 d'euros et à 195 000 € la star arboricole de Noël, Strasbourg pouvait signer pour 820 années de super-géant-sapin-de-Noël-qui-est-tellement-grand-que-c'est-le-deuxième-plus-grand-du-monde-après-celui-de-Rockfeller-Center-de-New-York.

Les générations futures ne se souviendront pas de l'Euro 2016 à Strasbourg. Mais du super-géant-sapin-de-Noël-qui-est-tellement-grand-que-c'est-le-deuxième-plus-grand-du-monde-après-celui-de-Rockfeller-Center-de-New-York, oui. Chaque année, pendant 820 années, au moins !

Ça ne vaut pas le coup de renoncer à l'Euro ?

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